Mon père a 25 ans quand il écrit ce poème pour ma mère le jour de ma naissance. On le sent bouleversé par l'événement mais surtout habité par un conflit existentiel intense dû aux difficultés inhérentes à une vie qui se construit. ![]() Ce jour si grand entre les grands, Ce jour empreint de doux mystère Puisqu'aujourd'hui te voilà mère Du tout premier de nos enfants; _ Ce jour de juin plein de soleil Où l'on croirait que tout éclate D'un sang nouveau et écarlate, Avec ce petit corps pareil A ces premiers boutons de rose Aux frais matin des mois de mars_ Parmi les sentiments épars Dans mon esprit froid d'ankylose, Il en est un_me semble-t-il Qui soudain me remplit de honte Et de regrets_tandis que monte Un long sanglot jusqu'à mes cils... ![]() C'est un sanglot qui fait moins mal Que si j'allais pouvoir sourire Et cette honte à vrai te dire (L'homme est un étrange animal)_ Porte en son fonds tant de bonheur Que les plaisirs les plus solides. Car si ce jour comme invalide Je reste là depuis des heurs, A savourer tous ces regrets, C'est en songeant à Toi_Chérie Et tes vertus...(l'âme flétrie Éprouve ainsi plus de santé A contempler en des aveux Qui lui sont doux_meilleure qu'elle!) Mais est-il donc âme plus belle... Est-il de cœur plus merveilleux?... Au creuset d'un enfantement, Que tous ces cœurs, toutes ces âmes, De femmes qui ne sont plus femmes, Mais beaucoup plus, sont des Mamans? ![]() Quand une femme ainsi que Toi Dans un déchirement atroce, Mais par dessus soudain se hausse A l'abandon _ (comme à la Croix Pût seul un Dieu y parvenir) Oh!non vois-tu, plus que je t'aime J'ai peur de Toi _ peur de moi-même, Et je m'accable en repentir!.... Mais mon néant est ta grandeur, Ma lâcheté, tout ton courage Et mes sanglots sont un hommage, _ Mieux que des mots, mieux que des fleurs _Et mieux que tous les grands baisers, A la Divinité de l'Acte D'une Maman, quand se contractent Ses flancs trop lourds, ses reins brisés, Dans un effort qui donne droit Comme un miracle _ à une Vie De voir le jour....Cà _ ma Chérie, C'est plus que tout, c'est trop pour moi... ![]() C'est pour cela qu'en te voyant Dans ce grand lit comme une reine, J'ai tant pleuré mais non de peine.. C'était d'amour pour Toi....Maman!.. Ne songe plus à ce qui fût, Ni la douleur ni la détresse, Laisse ta chair sous mes caresses Se reposer_et puis veux-tu.... Laisse ta main, là dans mes mains Ta bouche aussi sur mes deux lèvres Et sans sanglot ni de fièvre_ Restons ainsi jusqu'à demain.... Je sais qu'hier j'étais bien fou Quand tu m'appelais "le grand gosse"- Mais ce passé de cette brosse Efface-le pour un bon coup. Je n'ai plus honte et puis déjà, D'avoir reçu ce petit être De ton amour_ je me sens naître Un nouvel homme, un vrai Papa. ![]() Vois-tu devant cette chair là Si mince encore et rien qu'une âme Qui déjà pleure et me réclame, Je suis si fier d'être Papa! N'est-il pas doux, dis-moi tout bas _ Maintenant que tu peux sourire Entre nous deux de nous redire: "Tu es Maman....Je suis Papa!" Chimoun Chori ce 27/6/47 Et il avait rajouté ![]() + ce 6/7/47 Pour Anne-Marie Je vous salue, Vierge Marie, Au nom De ma petite enfant, Couchée dans son berceau, là, qui pleure... (Parce que c'est ce qu'elle sait faire de mieux) Vous êtes pleine de grâces et mon enfant aussi est belle, est pure et comme l'Enfant que vous mites au monde.... Le Seigneur est avec Elle comme Il était avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes Et ma femme mérite de l'être également,et ma fille aussi. Puisque Jésus est sorti de vos entrailles, Ainsi que ma petite fille est sortie des entrailles de sa mère.... |